Guadeloupe : Mobilisations des 14, 15 (et 16 ?) décembre

Après avoir mis longtemps à se mettre en place, laissant même présager, à 9 heures, que le nombre de manifestants serait très très réduit, la manifestation est finalement partie, avec donc plus d’une heure de retard [1] après un discours d’appel au calme et au respect des consignes de sécurité.

Un long défilé, très long, même, qui se gonflera tout au long du parcours et qui nous porte à croire que la réalité des chiffres, malgré ceux annoncés, doit être de l’ordre de 8000 manifestants, voire plus.

Un long parcours, également, pour finalement arriver à la sous-préfecture.

Là, le sous-préfet refuse de recevoir la délégation qui souhaite le rencontrer : le LKP a en effet demandé la tenue d’une rencontre relative au suivi des accords signés en 2009.

La manifestation repart pour une heure de marche supplémentaire dans les rues de Pointe-à-Pitre, avant que les manifestants ne se réunissent à nouveau devant la sous-préfecture, sans plus de succès quant à leur volonté d’être reçu par le représentant de l’état.

"Le LKP, les Travailleurs et le Peuple de Guadeloupe sont "campés" devant la Sous-Préfecture et le resteront jusqu’à ce qu’une réponse soit apportée à leur demande de rencontre."
Elie Domota, Communiqué LKP du 14/12, à lire ci-dessous.

Un succès en demi-teinte

On ne peut donc pas considérer, comme on a parfois pu le lire, que la journée de mobilisation du 14 décembre aura été un échec. La longueur du défilé, la ténacité et la motivation des manifestants laissant présager que d’autres rendez-vous auront bientôt lieu et que les revendications du Liyannaj Kont Pwofitasyon trouvent, dans la population, un écho toujours favorable.

Rendez-vous a d’ailleurs été pris pour ce jeudi 15, devant la sous-préfecture (lire ci-dessous).

Mais, vu le contexte économique et social de l’île, on aurait pu s’attendre à voir défiler beaucoup plus de monde.

(...) depuis le 1er janvier, d’ailleurs, on nous promet chaque trois mois que ça va barder... et rien ne vient (...) pourtant, tout est fait pour qu’elle soit exaspérée [la population, ndlr] : l’essence a pris plus de 20% en un an, l’alimentaire poursuit sa course folle (on a vu des tomates à... 6 euros le kilo !), tout augmente, et, grossistes et commerçants de la place se gavent... comme s’il n’y avait pas eu 2009 et un coup de semonce violent.

En effet, la situation en Guadeloupe n’a guère évolué, la pwofitasyon perdure de plus belle malgré les mobilisations de l’an dernier, comme le souligne justement Jean-André Vidal dans l’extrait de ses Indiscretions citées ci-dessus.

La suite du mouvement ?

"Vingt mille personnes se sont mobilisées ce mardi 14 décembre à l’appel du LKP (Lyannaj kont pwofitasyon), regroupement de près d’une cinquantaine de structures syndicales, associatives et culturelles. Et ce, malgré la crise, les difficultés quotidiennes, le désespoir qu’entretiennent les fausses réponses et les vraies esquives.

Ni les Etats généraux, ni le CIOM (Comité Interministériel de l’Outre-mer) n’ont remis en question les causes profondes du Mouvement social de 2009"
Communiqué de Christiane Taubira, députée de Guyane (14/12/2010)

En effet, les raisons ayant poussé les Guadeloupéens à fortement se mobilier derrière le LKP en 2009 sont toujours présentes, inchangées : "une économie structurellement dépendante de l’importation ; des rentes d’importation scandaleuses sur les produits de première nécessité ; un chômage durable et des pratiques de recrutement par réseaux excluant de nombreux Guadeloupéens, très qualifiés ou peu qualifiés ; une stratification sociale rigide ; l’absence de perspectives et une gestion à la bonne franquette loin des nécessités de Formation, d’emploi, d’accès aux richesses du territoire."

Dans ces conditions, si on ne peut prédire quelles forment prendront, dans les jours, les semaines et les mois qui viennent, les aspirations aux changement des Guadeloupéens, il ne fait aucun doute qu’elles trouveront le moyen de s’exprimer.

Le Liyannaj Kont Pwofitasyon et toutes les organisations et associations qu’il représente espèrent bien hâter le mouvement, pour qu’enfin les choses changent.

En fin d’après-midi, ce mardi, rendez-vous a été pris le 15 décembre, pour la suite du mouvement.

Mercredi 15 décembre

Beaucoup moins de monde qu’hier, mais quand même plus de 1000 personnes mobilisées. Une sacrée ambiance devant la sous-préfecture, menée de main de maître par Voukoum.

La plupart des syndicats ont apparemment répondu à l’appel, ce mercredi, à l’exception de la FSU et la CFDT, dont on n’aura pas vu planer les drapeaux.

Certains manifestants sont cependant partis rejoindre le piquet de grève du Mac Do de Gosier avant la fin du rassemblement.

Demain, jeudi, les mots d’ordre n’étaient pas très clairs : certains pensaient repousser le mouvement à après la vacances, mais Radio Tambou, ce soir, annonçait sur ses ondes que la mobilisation, demain jeudi, continuait...

A suivre, donc...

Communiqué de Presse du LKP

COMMUNIQUÉ DE PRESSE 14/12/2010

Depuis ce matin à l’appel du LKP, plus de 20.000 Travailleurs sont mobilisés dans les rues de Pointe-à-Pitre.

Le LKP a demandé la tenue d’une rencontre, relative au suivi des accords signés en 2009 ; il leur a été répondu par les services de la Sous-Préfecture "que l’autorité préfectorale ne souhaite pas vous rencontrer".

Le LKP, les Travailleurs et le Peuple de Guadeloupe sont "campés" devant la Sous-Préfecture et le resteront jusqu’à ce qu’une réponse soit apportée à leur demande de rencontre.

LKP ka mandé tout moun vini douvan soupréfekti lapwent soutyenn mouvman la.

Pour le Collectif LIYANNAJ KONT PWOFITASYON

Elie DOMOTA

Lapwent, 14 désanm 2010